La Boirie – St-Georges-de-la-Couée

La Boirie est un manoir situé sur les hauteurs du bourg de St-Georges-de-la-Couée (propriété privée). Exceptionnellement bien restauré au début du XXIe siècle par des amoureux de l’art et des vieilles pierres, cette demeure a connu moult transformations au cours des siècles. Elle fut probablement la maison du seigneur des lieux avant 1386, puis devint une métairie des seigneurs de St-Georges à partir du XIVè siècle, jusqu’à la révolution.

Quelques informations et hypothèses sur l’histoire de la Boirie

Auteur : Martin RAGUIN

vers 1100 : on trouve dans le cartulaire de l’abbaye St-Vincent du Mans, le texte d’une donation de Thibaut de Lucé : « Thibaud de Lucé, fils d’Hubaud et sa femme Aaliz (Adélaïde), donnent à Dieu et aux martyrs Vincent et Laurent leurs dîmes d’une terre nommée Mons Boeria, plus un arpent de vigne faisant partie de ce domaine ». Le chevalier Thibaut de Lucé, qui commandait le château de Lucé, était le délégué de Gervais II baron de Château du Loir . Quant à la terre de « Mons Boeria », il s‘agit très probablement du domaine de la Boirie à St-Georges

– 13 août 1386: aveu de Loys de Clermont à Brisegaud de Coesme (seigneur de Lucé) au sujet du fief de St-Georges : « Je, Loys de Clermont, chevalier, tiens et avoue a tenir a foy et hommaige simple les chouses de quoy je suis en vostre foy et en vostre hommaige simple a cause de ma fame… ».

Louis de Clermont est le premier des Clermont Gallerande possesseur des terres de St-Georges en 1386. Le nom de l’épouse de Louis de Clermont n’est pas citée dans le livre rapportant cet aveu. En revanche, nous pouvons lire dans la charte de fondation de la chapelle du château de Gallerande qu’en 1392, Louis de Clermont Gallerande avait pour femme Jeanne de Boirot (que nous trouvons écrit Boirrot dans un document du chartrier de Gallerande). C’est donc cette Jeanne de Boirot qui aurait amené la terre de St-Georges dans la famille Clermont Gallerande à l’occasion de son mariage qui a du avoir lieu avant 1386. Mais d’où venait cette famille de Boirot ?

En 1297, un certain Guillaume de Boiere apparaît comme étant taxé par le seigneur de Lucé à l’occasion de fêtes chrétiennes (mais il n’apparaît pas en tant que seigneur de Saint-Georges). La similitude des noms peut faire penser que Jeanne serait issue de cette famille de Boiere. En outre, on peut également rapprocher les noms de Boiere et Boirot avec le lieu-dit la Boirie sis à St-Georges. Il est donc possible qu’en 1297, Guillaume de Boiere était propriétaire de la Boirie d’où il tirerait son nom, et que ces descendants ou lui même ait acquis le fief de Saint-Georges qui fut amené en dot par Jeanne à l’occasion de son mariage avec Louis de Clermont. Ceci n’est qu’une hypothèse toute personnelle, je le souligne[1].

En recoupant les divers informations contenues dans les aveux des XVIe et XVIIe siècles et le recensement de la paroisse en 1772, on peut déduire que La Boirie aurait été le premier manoir seigneurial du fief de St-Georges jusqu’à ce qu’au début du XVe siècle, un autre manoir fut construit à la Davilière (par Jean ou Eustache de Clermont). La Boirie devient alors une métairie des seigneurs de St-Georges avec pressoir et meule banale à pommes à cidre, plus quelques vignes.

[1] Il convient de noter que Boeria, Boiere, Boirot, Boirie sont des mots dérivés de l’allemand moyenâgeux bur, qui veut dire paysan. Plus tard, ce mot sera francisé en borie et boirie, qui prend l’acceptation de ferme ou métairie, que l’on retrouve surtout dans le pays d’Oc.

La Boirie dans l’aveu de Thomas de Clermont, seigneur de St-Georges, en 1581

« Item ma métairie de la Boirie sise au-dessus de ma dite ville ainsi qu’elle se poursuit et comporte tant en aistrise[1], maison, pressoir, édifice de meule[2], grange, étable, cours, terre labourable et non labourable, arable et non arable, bois et buissons, le tout en un tenant et tout ainsi qu’elle se poursuit et comporte, contenant trente huit septerées[3] de terre ou environ, y compris ma vigne qui contient quatre arpents trois quarts que j’ai distraite[4] de ma dite métairie de la Boirie, comprend ma métairie de la Garanne que j’ai jointe, mise et annexée avec ma dite métairie de la Boirie parce qu’elle était tombée en ruine et décadence joignant la dite métairie le grand chemin tendant de ma dite ville à Saint-Calais…. »

[1] Ancien mot pour désigner une maison (où vivaient des aistres, c’est à dire des êtres)

[2] La meule servait à écraser les pommes pour la confection du cidre

[3] Septerée : équivalent d’un arpent pour les terres labourables

[4] Séparée

La Boirie dans l’aveu de Jeanne de Harlay, veuve de Hardouin de Clermont seigneur de St-Georges, en 1641

 « Item ma métairie de la Boirie consistant en maison manable[1], grange et étable et hébergement avec la cour, issue, le tout à un tenant contenant le tout un arpent et demi dix huit cordes au dedans desquelles issues sont édifiés un grand bâtiment auquel est une chambre à cheminée avec autres chambres et cellier pour retirer mes vins et grenier dessus, avec un autre bâtiment où est mon moullaige[2], pressoir à tirer mes vins et cidres et pour mes subiets[3]»

[1] Habitable

[2] Meule pour écraser les pommes à cidre. Le moullaige est aussi le droit lié à cette meule banale

[3] Ancien mot qui vient du verbe « subir » et qui désigne une personne contrainte. Ici ce sont les sujets qui sont contraints d’utiliser la meule et le pressoir du seigneur de St-Georges.