Le Boulay – St-Georges-de-la-Couée

Le Boulay ou Boulay-Grimaud (propriété privée), que l’on retrouve écrit Guynaut au XVIe, Guinaut ou Guignant au XVIIe, Guinaut et Guinaud au XVIIIe siècle, formait un fief à part entière.

Au XVIe siècle, le Boulay appartenait à Luc de Monchastre, seigneur de la Richardière à St-Georges-de-la-Couée. Ce seigneur était un ami de Jacques de la Mothe[1] dont il avait épousé une de ses cousines[2].

Le seigneur du Boulay devait foi et hommage à son suzerain, le seigneur de la Chesnuère. Ce dernier rendait foi et hommage directement au comte de Vendôme. Le fief de la Chesnuère appartenait à la famille de Berziau aux XVIe et XVIIe siècles, avant d’être acheté par Gilles le Forestier de Bonpart en 1643. En 1675, la Chesnuère est rachetée par le marquis de Louvois et devient une châtellenie du marquisat de Courtenvaux. Au XVIIIe siècle, le marquis de Courtenvaux vend certaines de ses terres à des roturiers. Le Boulay-Grimaud sera acheté par Marc Coueffé, procureur de la fabrique de St-Georges.

La retranscription d’un document original traitant du recensement de 1772 permet d’avoir un bon aperçu sur ce qu’était le fief du Boulay au XVIIIe siècle :

Un lieu nommé le Boulayguinaut appartenant aux héritiers Marc Couëffé, exploité à ferme[3] par Claude Lhuillier, contenant vingt-deux arpents[4] de terre labourable en sept pièces, deux arpents de nouë[5], deux arpents de bruyère, un quartier d’arpent[6] de chenevrail[7] et jardin potager, estimé à soixante-seize livres.

Autre lieu audit Boulaiguinaut, appartenant à madame Leteffier, exploité à moitié[8] par jacques Busson, contenant dix-neuf arpents de terre labourable, en six pièces, quatre arpents de bruyère, un arpent de nouë, un quartier de chenevrail, un jardin potager estimé à soixante-neuf livres.

Autre lieu aussi nommé le Boullay guinaud, appartenant à Pierre Crosnier, exploité à ferme par François Herrault, contenant vingt arpents de terre labourable, en dix pièces, deux arpents de pré, demi arpent de nouë, un quartier de chenevrail et jardin potager, estimé à soixante-treize livres.

Un lieu nommé le Petit Boullay, appartenant à René Loyau, contenant sept arpents et demi de terre labourable, en huit pièces, deux arpents de pré en Montreuil[9], un quartier de chenevrail et jardin potager, estimé trente cinq livres.

 Nota : il est intéressant de noter que le lieu du Boulay est écrit avec différentes orthographes dans ce document et ce, sur une même page. De même, il semble que c’est à partir des terres du Boulay qu’à la révolution fut créé le grand Boulay et le Boulay, puisque qu’en 1772 existait le Petit Boulay.

Pendant la seconde guerre mondiale, le grenier d’une des maisons du Boulay servait de cache d’armes pour les maquis de la région, en particulier celui de la Chesnuère.

[1] Jacques de la Mothe était valet de chambre des rois de France, puis abbé de St-Prix près de St-Quentin dans l’Aisne et secrétaire du roi Henri IV. Natif de Courdemanche, il créa en 1579 un collège renommé dans son village natal et fit montre de grandes libéralités envers ses amis et les paroissiens de Courdemanche.

[2] Luc de Monchastre naquit en 1549 à Parigné l’Evêque. Ses parents tenait un moulin près de Loudon et avaient deux bordages à la Davière et la Bélinière à Parigné l’Evêque. Il devient en 1581 premier valet de chambre du roi, charge qui lui fut offerte par Jacques de la Mothe à son mariage avec Martine Huger, cousine de Jacques de la Mothe.

[3] L’exploitant payait annuellement au seigneur un fermage qui lui donnait le droit de cultiver les terres. L’autre type d’exploitation était « à moitié » ; dans ce cas, l’exploitant donnait la moitié de ses récoltes au seigneur.

[4] Pour le Grand Lucé, l’arpent valait 66,66 ares.

[5] Pré humide où pouvaient paître les bêtes si le terrain n’était pas trop marécageux.

[6] Le quart d’un arpent, soit 16,7 ares.

[7] Culture du chanvre.

[8] voir note 3

[9] Terre sur la paroisse de Montreuil-le-Henri mais qui faisait partie du bordage (la ferme).

Page du recensement de 1772